Lundi 16 avril, 7 heures – Port de Civitavecchia, au nord de Rome.

Après quelques jours de reportage en Sicile, au pied de l’Etna, 14 heures de ferry sont nécessaires pour aborder l’Italie continentale et notre prochaine reportage. Après 2h30 de route, nous voilà en plein cœur de la Toscane entre Sienne et Florence. Déjà, douces collines et vallées dévoilent leurs courbes sous nos yeux émerveillés. Nous sommes en Toscane pour à peine une semaine. Lors de la préparation du reportage, nous avons du effectuer une présélection des zones que nous souhaitons photographier. Comme souvent lorsqu’il s’agit de vastes régions viticoles et/ou oléicoles, les choix s’avèrent cornéliens. Nous nous appuyons en général sur quatre axes :

• la recherche documentaire (livres, magazines, internet, documentaires vidéo,…)

• l’expertise de notre réseau (Comité d’Ethique, interprofessions, partenaires, spécialistes rencontrés lors de salons ou conférences, offices de tourisme…)

• les rencontres in situ, à commencer par les hôtes qui fournissent nos hébergements, aussi bien que les contacts recommandés par notre réseau

• nos repérages…. et notre perception des lieux et ambiances, bref un savant et délicat mélange entre nos connaissances, notre expérience et notre sensibilité.

Entre Via Francigena et Via Cassia (mais nous n’irons pas jusqu’à Rome), nous sonderons donc  trois territoires bien spécifiques : San Gimignano et ses alentours et, encore bien vastes, l’emblématique terroir du Chianti Classico et le sublime Val d’Orcia.

Nous sommes attendus pour le déjeuner à Poggibonsi par Alessandro Salvestrini et son fils Bernardo de la Société Volentieri Pellenc. Certes, nous ne sommes pas critiques culinaires, mais nous nous réjouissons de l’énergie que déploient nos différents amis italiens pour nous convaincre de l’excellence de leur cuisine (cf notre premier repas en Sicile). Comme il nous reste encore les Cinque Terre à explorer, nous nous prononcerons uniquement à la fin de notre reportage afin de ne pas freiner cet élan ! Après cet excellent repas à La Galleria (zut, je l’ai dit), Alessandro et son fils guident nos premiers pas au cœur du Chianti Classico.

En ce début de printemps, nous sommes aux premières loges pour admirer la nature pétillante et exubérante et les feuilles de vigne nubiles qui sommeillaient il y a encore une quinzaine de jours dans leurs bourgeons. Au vert intense de l’herbe se dispute le jaune éclatant du colza, plein de vie en cette saison.

Le Chianti Classico :

Nous sommes cordialement accueillis au Consorzio Chianti Classico par Silvia Fiorentini, responsable de la communication. Elle défend avec ferveur son appellation et insiste sur ce qui constitue le Chianti originel, le Chianti Classico. Carte à l’appui, elle démontre que seul ce territoire possède des communes où est apposé le terme « Chianti », contrairement aux autres dénominations « Chianti » : Chianti Colline Pisane, Chianti Montespertoli, Chianti Colli Fiorentini, Chianti Ruffina, Chianti Colli Arentini, Chianti Colli Senesi. Ces dernières ont certes bénéficié de l’aura de cette appellation exceptionnelle, mais contribuent à leur tour, modestement, à la réputation de ce territoire. Il faut néanmoins savoir que la formule moderne du Chianti a été élaborée par un Baron nommé Bettino Ricasoli, au cœur-même du terroir Chianti Classico, à Castello di Brolio, en 1872. Aussi le Consorzio œuvre-t-il depuis peu au montage d’un dossier en vue de la reconnaissance par l’UNESCO de son patrimoine unique. Nous passons ainsi de nombreuses heures à filmer et photographier le château et ses alentours, conscients de la portée mémorielle de ces instants.

Le Val d’Orcia :

Dès les premières heures de recherches pour ce reportage toscan (courant de l’hiver), nous réalisons le potentiel esthétique de cette vaste et splendide région. Comment identifier dans cette étendue de collines les sites qui en exprimeront l’essence? Comment ne pas sombrer dans les clichés, façon cartes postales, de superbes demeures auxquelles on accède au bout d’une longue allée de cyprès au milieu de vignes et d’oliviers? Nous établissons un circuit d’une journée et décidons de céder à la Dolce Vita et l’inspiration du moment. Montalcino et Montepulciano… Point A  et point B de cette journée. Entre ces deux villes, toute la douceur et la magnificence du Val d’Orcia. Une caresse au regard. Nous recueillons avec la délicatesse et la sérénité qui sied à cette contrée l’inspiration photographique et littéraire qu’elle nous procure. Nous acceptons également de bonne grâce de nous abandonner au cliché tant redouté en évoquant le valeureux Maximus et quelques phrases de Marc Aurèle devant la fameuse maison de « Gladiator ».

Nous reviendrons en Toscane, évidemment. Comment pourrait-il en être autrement? Grosseto, Livorno, Lucca, Massa-Carrara… autant d’appels évocateurs pour d’autres découvertes, autant d’appels pour notre mission mémorielle. Le temps imparti pour cette étape italienne arrive à son terme pour cette fois… Demain, direction la Ligurie et ses Cinque Terre!